par Stéphane Verdier
WNP (20/01/06) – Montréal - « Je n’ai jamais pris de EPO de ma vie, jamais je n’ai pris et jamais on ne m’a offert de EPO… » Il me semble encore entendre ces propos de la bouche même de Geneviève Jeanson, il y a quelques années. À cette époque, je voulais bien la croire, lui donner une chance de prouver au monde qu’elle avait raison.
La jeune femme de 24 ans, bourrée de talent, a remis un autre pipi contenant des quantités appréciables d'EPO. Elle a beau nous dire et crier sur les toits qu’elle n’a jamais pris de substances interdites de sa vie… Plus personne ne la croit maintenant. Et elle en remet par l’entremise de son avocat qui qualifie la cycliste de créature d’exception qui peut produire une quantité d’EPO naturelle supérieure à un humain normal. Sans doute a-t-il raison ! Mais la couleur de la substance trouvée dans le pipi de madame montrait malheureusement un EPO de source autre.
PEUT-ON LA BLÂMER !
C’est une autre gifle cinglante à la figure du Canada et je ne veux pas jeter le blâme uniquement sur l’athlète québécoise. La victoire à tout prix a encore une fois eu raison de la raison, celle que l’on veut montrer en exemple à la jeunesse internationale qui veut pratiquer un sport au niveau élite. On veut bien dire à la relève de ne pas se doper, de se développer uniquement par le conditionnement physique et par l’entraînement, mais quand on sait que plusieurs athlètes utilisent des moyens artificiels pour parvenir à grimper sur la plus haute marche du podium, comment peut-on leur en vouloir !
PAS DE CHANCE, QUAND ON EST CANADIEN…
Si Ben Johnson avait été Carl Lewis, il n’aurait jamais été déchu et il serait encore l’idole des canadiens et des canadiennes. Lance Armstrong plaide aussi son innocence après qu’on ait dévoilé qu’un échantillon lui appartenant contenait des substances interdites. Ce qui est plus délicat dans son cas, c’est que cet échantillon devait demeurer anonyme… Alors, qu’on lui foute la paix !
Le Canada avait connu la honte en 1988 quand Ben Johnson avait testé positif à la suite de sa brillante victoire aux Jeux Olympiques de Séoul. Le héros du jour devenait la honte de toute une nation aux yeux du monde.
UNE LIGNÉE DE TRICHEURS
Le Canada se remettait à peine du scandale Johnson que moins d’un an plus tard, une autre athlète de haut niveau se faisait prendre à son tour. La spécialiste du 100m haies, Julie Rocheleau, était suspendue 2 ans pour avoir absorbé des stéroïdes anabolisants.
D’autres athlètes canadiens ont testé « positif » au fil des ans. Les haltérophiles Guy Greavette et Michel Viau en 1983, Terry Hadlow et Luc Chagnon retirés de l’équipe canadienne pour les jeux de Los Angeles, Eric Chevrier banni à vie, le spécialiste du triple saut Oral O’Gilvie, les sprinters Brian Morrison, Cheryl Thibedeau et Kofi Yevakpor, le cavalier Eric Lamaze, le lanceur de marteau Robin Lyons, le planchiste Ross Rebagliati… et la liste continue !
LA RETRAITE… POUR SE DONNER BONNE CONSCIENCE
À la suite de ce nouvel épisode, Geneviève Jeanson annonce sa retraite de la vie sportive. Elle promet de rétablir sa réputation en prouvant qu’elle n’a jamais pris d’EPO de sa vie. Malheureusement pour Madame Jeanson, il n’y a plus de place pour le pardon et sa réputation de tricheuse la suivra toute sa vie, qu’elle le veuille ou non.